2007 / " SÉRIE MIRROR "
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Diptyque de la série "MIRROR HUDSON MOCHA",
laque automobile sur châssis aluminium. 55 cm x 55 cm.
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Diptyque de la série "MIRROR HUDSON MOCHA",
laque automobile sur châssis aluminium. 55 cm x 55 cm.
Communiqué de presse
« Le miroir peint dans un tableau, c’est deux images en une, opérant tout à la fois une ouverture et une clôture de l’espace.Le miroir sonde les limites de la représentation, ce qu’elle inclut et se qu’elle exclut. Il interroge la discontinuité des espaces, l’espace du tableau, l’espace dans le tableau, l’espace hors du tableau, et par là, l’identité du tableau, son lieu et ce qu’il y a lieu … »1 Peinture, parangon de l’art, miroir, emblème de la peinture ? Ces deux là seraient donc indissociablement liés. Ils partagent une vieille histoire. A travers le miroir, le peintre s’est toujours interrogé sur la nature de l’image, sur sa genèse et sur son rapport au réel. Les champs sémantiques du miroir ont recouvert des pôles extrêmes ; du mythe à l’écriture de soi, de l’introspection à la reproduction, de la vanité à la littéralité, de l’essence à l’apparence….Toutefois le miroir reste et demeure un outil de spéculation. Maintes artistes modernes et contemporains qui me touchent se sont emparés de cet objet quotidien en évacuant quelque peu sa portée symbolique. Manet et Matisse en ont extrait un pur signe, Pistoletto, Smithson s’en emparent comme objet conceptuel. Avec Bacon, Welles, Buren, le reflet spéculaire se fractionne, se démultiplie. Richter et Morris l’utilisent pour conquérir l’espace réel du lieu d’exposition. Avec Kapoor le miroir acquiert sa dimension monumentale. Les « Mirrors » de Roy Lichenstein, ne semblent recéler aucun secret. Désespérément vides, comme si « le rien était devant eux», ils interrogent les « limites de la fonction du tableau comme peinture réfléchissante » et ne figurent que banalité et insignifiance. Je ne considère pas la série de miroirs présentée à la galerie 2angles comme une simple « reprise » des ces œuvres magistrales. Soit, je regarde en arrière, (« reflectere », réfléchir étymologiquement signifie « renvoyer en arrière ») mais ce qui était appréhendé là, il y a plus de 30 ans , s’est amplifié : les miroirs se sont multipliés, les images se sont usées, le monde s’est de plus en plus déréalisé. Le surinvestissement de l’image spéculaire, les reflets vides de la sphère marchande, la transformation de l’individu en image me semble aller de pair avec cette autoréflexivité des productions de la sphère artistique (« se regarder en train de regarder l’histoire des formes pourraient être une des définitions des postures contemporaines »). Je ne me défais pas de cette conception mais ne m’y complais pas. Mes miroirs sont certes aveugles mais ils sont aussi des agents d’ambiguïté. Pour percevoir cette virtualité, le spectateur doit, dans une certaine mesure, s’éloigner pour voir l’image de ce miroir. Mais la surface, en aucun cas, ne projettera quelques reflets que se soit, elle demeurera « muette ». Inversement dans certains traitements de la surface, c’est quand une proximité réelle se fait avec le tableau qu’un réel reflet apparaît (celui du spectateur et de son environnement). Mais dans ce cas, l’image du miroir n’est plus appréhendable. Ce qui m’apparaît dans les tableaux de Lichenstein, c’est le constat neutre. Dans les miroirs que je représente, il me semble que ce qui est en jeu, c’est le suspend, et aussi, tout comme les tableaux de la sérié précédente, l’absence. Lentement mais sûrement, parier sur la présence d’une disparition … 1 EMANDIAN.C, in Catalogue de l’exposition A travers le miroir de Bonnard à Buren, Musée des beaux arts de Rouen |